"Un coup de fouet"

Publié le 3 Septembre 2004

Olivier Sarraméa avait besoin d'un défi à la mesure de Paris. A 28 ans, l'ancien Agenais a l'impression de commencer une nouvelle vie.

interviewé par Sud-Ouest

En voilà un à qui le cadre parisien va à merveille : grand espoir au gabarit impressionnant, Olivier Sarraméa, international dès 1999 (quatre sélections), a ensuite très vite plafonné. Venu de Castres à Agen il y a deux saisons, celui que ses partenaires bleus avaient un temps surnommé le Lomu blanc n'a pas vraiment confirmé ses immenses qualités en Lot-et-Garonne. C'est donc en revanchard et à la surprise générale qu'il a rejoint le Stade Français cette saison. Où, après la rude désillusion ramenée de Montpellier la semaine passée (défaite 49-25), le champion de France et son nouvel arrivant attendent un SUA invaincu.


"Sud Ouest". Etes-vous parti vexé d'Agen ?

Olivier Sarraméa. Vexé, oui. Mais pas déçu. Je ne l'ai pas pris comme un échec, car sur la fin, j'ai prouvé que j'étais un bon joueur. En fait, ça m'a donné un coup de fouet.

Vous en aviez besoin ?

Sur le terrain, il y a des fois où j'étais bien, d'autres non. A Agen, la première saison s'était bien passée, mais la seconde, j'ai eu du mal à être régulier. Pendant longtemps, je me suis mis trop de pression. Désormais, j'essaie de m'amuser au maximum. Je me prends moins la tête.

La concurrence est pourtant rude au Stade Français...

Justement. C'est elle qui nous pousse à être encore meilleurs à chaque match. Je n'ai pas de craintes à avoir. Je me suis dit que j'allais me donner les moyens de réussir à Paris. Galthié voulait m'essayer au centre. Il veut me faire travailler à ce poste.

Pas d'amertume donc ?

Il n'y a aucun problème avec qui que ce soit à Agen. J'avais signé pour deux ans. Le club a opté pour d'autres joueurs, mon contrat n'a pas été renouvelé, c'est le rugby. Je ne mélange pas tout. Il y a le sport et il y a les hommes. J'ai rencontré des personnes extraordinaires là-bas et vécu des moments fabuleux. Le fait qu'on ne me propose rien m'a un peu piqué, c'est tout. Agen est un très grand club, mais Paris, c'est un défi.

La ville ou le club ?

Ce qui me faisait peur, c'était de vivre à Paris, plus que mon intégration dans le club. J'avais aussi Montpellier et Béziers comme possibilités, mais j'avais envie d'un contexte radicalement différent. Quand Max Guazzini m'avait contacté la première fois, il y a trois ans, je ne me sentais pas encore prêt.

Y a-t-il une grande différence entre l'idée que vous vous faisiez du Stade Français et ce que vous voyez de l'intérieur ?

Oui. Un peu quand même. Comme la plupart des gens, je jugeais sans savoir, d'après ce qu'on racontait autour de moi. Dans le Sud-Ouest, le rugby, on a tendance à se l'accaparer. Eh bien, j'ai été agréablement surpris. Ce club a une âme. L'inconvénient, c'est l'anonymat. L'avantage, c'est que la semaine, on ne se laisse pas perturber par les commentaires en ville des uns et des autres.

Vous avez bien dû entendre reparler du dernier Agen - Stade Français. C'est un peu grâce à vous et à vos anciens coéquipiers que les Parisiens sont champions de France...

(Rires.) A mon arrivée, ça a chambré gentiment. Il faut dire qu'on les a bien relancés en perdant à domicile d'un point après avoir gagné à Castres. Mais ils ne m'ont pas harcelé dix jours avec ça. Ce fut, sur le moment, une énorme déception pour tous les Agenais.

Seront-ils animés d'un désir de revanche samedi ? De vengeance même ?
Non. Le Stade Français est un club très respecté parce qu'il respecte les autres. Ce n'est pas l'ennemi, comme en football. La qualification pour les play-off s'est jouée contre Paris, mais on aurait pu se mettre à l'abri bien avant. Ce n'est pas un match qui a décidé de tout. Agen faisait une saison moyenne. Cette équipe viendra à Paris pour gagner, mais comme elle ira partout pour gagner. J'en fais l'une de mes favorites. Quand son jeu sera en place, elle sera très dangereuse.

En signant à Paris, avez-vous pensé à l'équipe de France ?

Honnêtement, non. Il n'y a pas que des Parisiens en équipe de France. Quand j'ai été sélectionné, en 1999, je n'étais pas prêt à assumer tout ça. J'ai progressé au début avant de stagner. Si je suis venu ici, c'est parce que j'en avais vraiment envie. Je change de vie.

Rédigé par Zoub

Publié dans #Interviews

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